Plusieurs familles bédouines vivent dans le même secteur déplaçant leurs camps de quelques kilomètres durant l’année.
Notre père a toujours aimé vivre dans des endroits éloignés. Il aime la solitude son camp se trouver généralement au sud vers Wadi Saabat ou au nord vers Barragh canyon.
Notre famille connaît tous les endroits reculés du désert, bien plus que certains de la même tribu.
Les hommes de notre famille ont toujours passé beaucoup de temps à explorer les sommets de Wadi Rum, cherchant des sources d’eau et des pâtures en hauteur pour nos chèvres, spécialement en été quand la végétation devient rare dans les vallées.
Traditionnellement les femmes et les jeunes filles bédouines s’occupent des animaux et aussi du travail de leurs laines. Toutes les tentes bédouines sont faites à la main avec de la laine de chèvre.
Les femmes font aussi du fromage et du yogourt à partir du lait de chèvre. Les hommes s’occupent de la chasse, du moins quand les bouquetins étaient encore nombreux dans le Wadi Rum. De nos jours ils sont protégés et les bédouins ne chassent que les pigeons et les lapins.
La protection des bouquetins montre de bons résultats, on peut les trouver de plus en plus nombreux sur les montagnes comme Jebel Rum, Jebel Kazhali et Jebel Um Ishrin.
De nos jours, nous n’allons plus vraiment chasser, mais nous continuons à aller sur les sommets. Notre grand père Hadji Attayak était au côté du prince Faisal et de Lawrence d’Arabie au moment de la prise d’Aqaba. Il est mort à plus d’une centaine d’années. Il fut l’un des premiers bédouins à rejoindre la légion arabe et fut le chef de la garde rapprochée du roi Talal.
Beaucoup de jeunes bédouins embrassent l’armée. Certains régiments ne sont composés que de bédouins, c’est une tradition. Enfants, nous étions à l’école des garçons de Wadi Rum qui est administrée par l’armée.
A cette époque il n’y avait qu’une dizaine de maisons dans le village, et la plupart du temps nous dormions près de l’école dans des tentes bédouines. Nous retournions voir notre famille dans le désert durant le week-end si le camp de notre père était éloigné, ou tous les après-midis s’ il était proche.
Dès notre plus jeune âge, nos parents nous ont appris à survivre dans le désert. Nous avons été éduqué à trouver serpents et scorpions, comment les éviter et que faire lors d’une morsure. On nous a enseigné à nous occuper des animaux, à monter à dos de dromadaires, à les soigner quand ils sont malades ou blessés.
Nous avons appris à reconnaître toutes les plantes du désert et des montagnes, et à utiliser leurs vertus médicinales.
Nous connaissons aussi tous les animaux sauvages, nous pouvons reconnaître les traces de chaque espèce et les lire pour connaître leur taille, leur vitesse, et savoir depuis quand ils sont passés.
Nous pouvons même reconnaître un chameau en particulier uniquement par ses empreintes…
Nous avons aussi appris à monter une tente bédouine, à conduire une jeep dans les pistes de sable les plus profondes, à la réparer, à faire du thé pour les invités, à les recevoir dans la tradition et à cuisiner quand notre mère ou nos sœurs ne sont pas là.
Tout cela est essentiel pour un bédouin, et nous l’avons appris avant d’avoir quinze ans. Un bédouin doit être complètement autonome, et savoir tout faire pour survivre. Tout ce que nous avons appris enfants, nous l’utilisons maintenant avec les touristes qui viennent nous rendre visite à Wadi Rum.
Ce n’est pas seulement notre travail, c’est aussi notre vie et notre plaisir que nous partageons.
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